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CHAPITRE IX
LE BARBE, CHEVAL DU MAGHREB ET DE LA CAVALERIE FRANCAISE D'AFRIQUE.
USKUB : LA PLUS BELLE VICTOIRE
Dans les chapitres précédents nous avons déjà parlé du cheval barbe, le meilleur cheval decavalerie légère, découvert par les cavaliers français sur la rive sud de la Méditerranée, après plusieurssiècles de recherche du bon cheval.
Le barbe
Ce cheval était connu, il avait déjà servi dans les écuries des Rois de France, et dans les harasd'élevage anglais et français.
Dès 1550, à Venise, écrit en italien, paraît un livre intitulé : Della Navigationi.e.Viaggi contenantun chapitre : La description de l'Afrique (1). Il y parle des chevaux barbes : "ces chevaux sont appelés enItalie : Barberi, et il ne est ainsi dans toute l'Europe parce qu'ils viennent de la "barbaria". Ils sont d'uneespèce née dans le pays...". Ce pays c'est l'Afrique du nord, appelée le "Maghreb" (l'occident) par lescartographes arabes du Xème siècle et la "Barbaria" selon les cartographes européens du même siècle.
On se souvient que le roi Louis XIV (voir l'arrêt de 1665, "le roi étant présent" (sic)) fit importé desétalons de la Barbaria pour ses provinces de Xaintonge et d'Auvergne.
Mais ce cheval étalon était rare en notre pays, et inconnu dans les troupes à cheval.
Or, les jeunes officiers, de la cavalerie vaincue en Russie en 1812 par les Cosaques :
- se firent les apôtres d'une idée simple : il faut remonter la cavalerie de chevaux sobres, agiles etendurants (de Brack) (op. cit.)
- Mais où les trouver ?
- Comment les produire en quantités suffisantes (des centaines et des centaines) et à un prixconvenable. La réponse ne fut pas trouvée en France, nous l'avons dit dans les chapitres qui précèdent.
Les hasards de la politique ont apporté la solution. Pour des raisons obscures le gouvernementfrançais envoya un petit corps expéditionnaire prendre Alger sur la rive Sud de la Méditerranée en juillet1830. Ainsi notre pays malgré ses nombreux changements de régimes à l'intérieur, poursuivra à l'extérieurla conquête de l'arrière-pays d'Alger... Conquête difficile, jusqu'au Sahara, jusqu'à Tunis, jusqu'à Rabat.
Cette conquête durera des décennies, presque un siècle ! Elle donnera à la cavalerie françaiseson meilleur cheval de guerre de troupe.
Faisons plus ample connaissance avec ces chevaux (2) déjà rencontrés sous le nom de Barbes,qui en réalité sont les chevaux du Maghreb.
Elevés par les tribus bédouines (de la badiya) et montagnardes (berbères) depuis la Lybiejusqu'au Maroc, par la Tunisie et l'Algérie, ces chevaux constituent une population équine très originale,mais qui se différencie selon les régions d'élevage. Ces variations sont engendrées par la géographie, laclimatologie, les reliefs, bref, les biotopes nombreux dans une aussi vaste région : celle de l'Afrique duNord du Sahara, le plus grand désert du monde.
Cependant qu'ils soient des Atlas ou des hauts plateaux steppiques, ils sont toujours : agiles,dociles, résistants aux variations climatiques (sirocco, ou neige), sobres et endurants à la fatigue.
Décrivons ce cheval : il est médioligne, il pèse quatre cents kilos au maximum ; il est carré ;d'une taille de 1 mètre 50 centimètres environ ; il possède de ce fait un très bon équilibre. Aussi est-ilcapable, sous le cavalier de grimper dans les sentiers de chèvres, et de galoper au milieu des rochers etdes touffes d'alfa ! Avec un dos tendu, c'est un porteur remarquable. Il part en campagne portant plus de130 kg facilement. Son cavalier et son harnachement avec paquetage et équipements divers : les armes,trois jours de vivres, trois jours de fourrages / grains, trois jours de munitions. Car il est énergique et sobre.On marchera de longs jours avec au quotidien : trois kilos d'orge, quinze à vingt litres d'eau seulement. Ilpeut ainsi soutenir des étapes de 40 km sous le soleil ou dans la neige pendant des semaines, avec sessabots durs, il ne perd pas de fers. En campagne on utilise essentiellement l'allure du pas. Mais il esttoujours prêt à partir au galop pour l'attaque et la manoeuvre rapide sur l'objectif.
Après dix sept années de rudes conquêtes qui ont épuisé le pays il était nécessaire, la paix ayantété établie : "(d') accroître et améliorer les ressources de l'Algérie en chevaux". C'est le titre du rapport dugénéral Oudinot (3), inspecteur de la Cavalerie, adressé au ministre de la guerre à Paris. Après unetournée d'inspection dans les provinces d'Oran, d'Alger, et de Constantine, ce rapport est signé de Bône(Annaba) le 20 août 1847.
Le roi abdiqua le 24 février 1848 car la République avait été proclamée le 22. La conquête del'Algérie se poursuivait cependant avec ses problèmes. Loin de Paris et de ses putschs, les soldatsfrançais poursuivaient l'oeuvre de la France.
Sur le terrain, les Lamoricière à Oran, les Randon à Bône, les Bugeaud (4) à Alger (commandanten chef et gouverneur) avaient jeté les bases d'un système de production de chevaux de guerre par lesindigènes des montagnes et des steppes prédésertiques. Ce secteur ayant une économie ruraletraditionnelle, il fallait adapter le système des haras militaires à ce contexte géo, socio, économique.
Ce sera le maréchal Randon qui achèvera la conquête de l'Algérie, et organisera les harasmilitaires, en même temps que les bureaux arabes et les smalas de spahis.
Mais, il fallait d'abord obtenir le feu vert des groupes politico-agricoles tout puissants à Paris. On avu dans les chapitres précédents comment en 1848 le général Randon, profita du rapport Oudinot quiavait fait du bruit (voir note 3). Il se fit désigner comme membre de la commission Achille Fould. Et là, ilréussit à emporter l'adhésion des éleveurs de métropole !!!
Devenu homme de confiance de l'Empereur Napoléon III, il mit en oeuvre en l'élargissant, ledernier alinéa du rapport Fould, qui devint la loi en cette période troublée (5)... C'est en s'appuyant sur cetexte qu'il organisa les haras militaires de l'Algérie, pour lesquels il fit importer des étalons de pur sangarabe... qui furent répartis dans toutes les stations de monte du territoire. Ils apparaissent dans lescomptes-rendus annuels d'élevage sous la dénomination : Syriens (voir Aurreggio op. cit.).
C'est grâce à cette politique d'élevage que la Cavalerie française d'Afrique put se remonter dumeilleur cheval de guerre de troupe.
Ce cheval brilla particulièrement en 1870 au milieu des désastres de la guerre Franco-allemande ;mais c'est surtout lors du premier conflit mondial de 1914-1918, en Orient, sur le front de Macédoine qu'ilapportera la preuve de ses qualités exceptionnelles.
C'est avec lui, et par lui, que la Cavalerie française aura sa dernière et sa plus belle victoire.
Uskub (Skopljé -Macédoine - Septembre 1918)
La grande guerre dura quatre ans. Années de morts et de souffrances ; le peuple français a payéplus que les autres, en Europe, pour la liberté ! En 1918, comme en 1870, c'est la Cavalerie d'Afrique etson cheval "l'arabe barbe" qui sauvèrent l'honneur des troupes à cheval. Troupes dont c'était la dernièreparticipation à une guerre européenne, à un niveau significatif.
Elle offrit à la France la dernière victoire de la guerre : Uskub ; le 29 septembre 1918. Ce fut laplus belle (car avec capitulation de l'ennemi). Cette cavalerie légère avait le meilleur cheval de selle deguerre de troupe. Elle avait de bons généraux : le commandant en chef (né à Mostaganen) (Algérie).Franchet d'Espérey, vainqueur à la Marne (1914) avec la Vème armée, et le général de Brigade Jouinot-Gambetta (6). Nous sommes en plein dans notre sujet. Après la rupture du front Germano-Bulgare parl'infanterie à Dropopoljé, la brigade de cavalerie d'Afrique est lancée sur les arrières ennemis, le 21septembre au soir, par le général en chef. Elle est composée des 1er et 4ème de chasseurs d'Afrique etdu régiment de marche des spahis marocains : 2 000 chevaux barbes de troupe ! Objectif USKUB, noeudferroviaire derrière le front. Sans laisser un traînard, la brigade atteindra le Danube où l'arrêtera l'Armisticegénérale, moins de 50 jours plus tard. Mais l'incroyable fut, les 26-27-28 septembre 1918, le raid, par dessentiers de chèvres, de ces 2 000 chevaux à travers les montagnes de Macédoine, culminant à 2 000mètres. Par ce chef d'oeuvre de manoeuvre d'infiltrations sur les arrières, cette cavalerie légère investit etprit "Uskub" le 29 sans coup férir. La retraite de la XIème armée allemande était coupée, elle capitulera.Ce même jour (29) la Bulgarie demande l'armistice. Cette cavalerie française d'Afrique avait des chevauxfiables et performants.
Le général Jouinot-Gambetta a écrit : "Nos chevaux barbes se montrent admirables (pour grimper)la terrible pente". Dans son bulletin de victoire, le maréchal Franchet-d'Esperey a écrit : "cavaliers qui, parvotre audacieuse manoeuvre, à travers un massif où d'autres que vous ne seraient jamais passés, avez,en atteignant Uskub, coupé la retraite à l'ennemi, et acculé une armée à la capitulation...".
Franchet d'Esperey avait médité sur la bataille de la Marne (Septembre 1914), victoire inachevée,faute de bons chevaux, mais aussi de bons généraux (Mac Carthy, op. cit.)... C'est pourquoi dès la rupturedu front ennemi par l'infanterie à "Dropopoljé" il découpla sa Cavalerie d'Afrique sur les arrières Germano-Bulgares. Par anticipation de sa manoeuvre stratégique, il avait rassemblé et préparé cette cavalerie dansla région de "Monastir". Elle était remontée des meilleurs chevaux de troupe les arabes-barbes. Ceschevaux étaient produits au Maghreb, par le système "des remontes et établissements hippiques d'Afriquedu Nord". Ce système fut un modèle de partenariat entre les éleveurs de chevaux du secteur traditionnelde l'Afrique du Nord, et le service des remontes du ministère de la guerre.
Celui-ci depuis 1848 (il avait été créé en France en 1831), avait reçu l'accord de la deuxièmeRépublique pour développer et faire la promotion du cheval en Algérie.
Ce pays est le centre du berceau de la race dite "barbe". La race chevaline des steppes et atlasprésahariens qui a été exportée dans le monde entier.
Les chevaux arabes-barbes furent les meilleurs chevaux de troupe de toute l'histoire de la cavaleriefrançaise, qui couvre les quatre siècles que nous venons de parcourir. Il faut dire aussi, que les cavaliersfrançais entraînés en Algérie et les cavaliers marocains, qui participèrent à la campagne d'Orient de 1918,étaient parmi les meilleurs cavaliers guerriers que la France a engagés dans ses nombreuses campagnes.
Aristide Briand, homme d'Etat prix Nobel de la Paix, proclamera que cette bataille d'Uskub fut unchef-d'oeuvre (7).
C'était sur le front d'Orient en 1918. Pendant le même temps, les armées du front d'Occident,sous le commandement de Foch, remportèrent la victoire finale de la "Grande Guerre" en Belgique.
Elles étaient sous la dépendance directe d'un autre homme d'Etat : Georges Clémenceau, chef dugouvernement, ayant en charge la conduite de la guerre. Or, il avait décidé, dans le cadre de sesresponsabilités et de la stratégie générale qui était la sienne, que le conflit devait trouver son terme enEurope occidentale.
Il en fut ainsi (8).
NOTES
(1)Cet auteur est connu sous le nom de : "Jean Léon l'Africain". Il s'agit d'un arabe du Maghreb"El hassan ben Mohammed el Wazzani ez Zayyati". Né à Grenade en 1489, capturé par lescorsaires chrétiens, il s'installe à Rome où il enseigne l'arabe et la géographie. Revenu auMaghreb à Tunis, il se fera appeler : "yuhanna al Asad al Ghanati" ce qui veut dire "Jean le lion(léon) de Grenade".
(2)Le cheval du Maghreb - livres à consulter :
1) Le cheval barbe - Paris-Lausanne : Favre-Caracole, 1987.
2) Le cheval barbe - Paris :Maisonneuve, 1987 (?).
- Après un siècle d'influences du système des haras militaires que nous avons décrit, et quis'appelaient "service des remontes et des établissements hippiques d'A.F.N.", on constate que le motremonte est entré dans "l'arabe dialectal" parlé de l'est à l'ouest du Maghreb.- Le cheval arabe-barbe, élevé pour l'armée avec les étalons des dépôts de remonte et achetés par lescommissions de remonte, est devenu "le cheval de la remonte".
- En arabe dialectal maghrébin "aoud larmoute". Etonnant - N'est-ce pas ? - Consulter le DictionnaireFrançais-Arabe (arabe parlé marocain) de H. Mercier - Rabat : éditions La Porte, 1945, page. 208.
On lit "Haras" = "Larmud". (le "u" se prononce "ou" et le "d" se prononce "t").
(3)Oudinot de Reggio (gal), Rapport au ministre de la guerre sur la nécessité d'accroître... les ressources de l'Algérie en chevaux.Moyens proposés pour atteindre ce but. (Bône 20.08.1847) paru dans Le spectateur militaire livraisons : avril, mai 1848.
(4)Bugeaud de la Piconnerie - Maréchal duc d'Isly conquérant de l'Algérie. Il débuta sa vie desoldat comme grenadier à pied, vélite de la garde impériale à Austerlitz en 1805. Il a fait commeofficier de l'infanterie (de 1808 à 1814) la terrible guerre d'Espagne contre les guerillerosespagnols et le corps expéditionnaire britannique. C'est dans cette guerre que Napoléon connut etsubit sa première véritable défaite sur notre continent. La guérilla était un mode de combatauquel ni son armée, ni ses cadres, ni lui-même n'étaient préparés. C'est là-bas que Bugeaudgagna tous ses grades jusqu'à celui de colonel. Il comprit l'importance d'une Cavalerie rustique,binome indispensable de l'infanterie. C'est en Espagne que le fantassin Bugeaud conçut lesystème de forces des "colonnes mobiles" : infanterie, plus cavalerie légère, sans véhicules àroues... les seuls impedimenta nécessaires par portages sur animaux de bât. Quand il quitta Algeren 1848, l'Algérie des bédouins était conquise, il restait à réduire la Kabylie et ses montagnards.C'est Randon qui achèvera la conquête et organisera les bureaux arabes et le système des haras etremontes militaires.
Consultons les Oeuvres militaires du Maréchal Bugeaud, librairie Baudoin, Paris, 1883. Enparticulier le mémoire de 1842 intitulé "l'Algérie ? Des moyens de conserver et utiliser cetteconquête". Page 307, chapitre : "Produits des contributions diverses" - Bugeaud écrit page 318 :"Il faut que la France (-) sache tirer parti de sa conquête...". Plus loin : "Voici encore quelquescompensations (dédommagements... car la conquête coûtait chère)... : nous pouvons tirer del'Algérie des moyens de force en Europe".
En effet : "Ses excellents chevaux donneraient à notre cavalerie légère une très grandesupériorité sur celle des nations qui nous avoisinent. En achetant beaucoup de poulains, de trois àquatre ans, et en les préparant, soit en Algérie, soit en France pour la remonte de nos chasseurs etde nos hussards, nous nous créerons une véritable, une excellente cavalerie légère. Il n'est pas unofficier de cette arme qui ne reconnaisse les immenses avantages que nos quatre régimentsd'Afrique doivent aux qualités de leurs chevaux." (en 1842 : quatre régiments de chasseursd'Afrique).
Le soldat/paysan, Bugeaud nous donne ici, en 1842, la réponse de bon sens à la querelle entre leséleveurs et les militaires français de métropole. (voir supra : le chapitre V). Mais, hélas, l'espritde négoce l'a emporté sur l'esprit de défense nationale et la cavalerie partira à la guerre de"quatorze" avec une mauvaise remonte.
De la même façon, la France engagera la guerre de "trente neuf" sans divisions blindées... pourdes raisons très semblables, l'esprit partisan remplaçant l'esprit marchand. Recurrence de l'histoirede la nation ?
(5)Dictionnaire du Second Empire édité par Arthème Fayard, 1995.
Article : "remonte" - Avec Randon qui fut deux fois ministre de la guerre (ce ministère administraitl'Algérie) et qui fut gouverneur commandant-chef en Algérie, l'Empereur Napoléon III put :"exprimer sa politique arabe dans le domaine hippique". Le maréchal Randon : "acheva la conquêteet, en organisa l'administration (bureaux arabes). Il créa le service des remontes et des établissementshippiques de l'Afrique du Nord. Cette institution devait durer un siècle". (plus loin) "Charles AndréJulien, historien de l'Algérie a écrit : "(-) une action efficace fut entreprise pour rénover la racechevaline (-) en augmentant le nombre et l'emploi des étalons par une utilisation méthodique desdépôts de remonte et en transformant les smalas de spahis en "centres modèles d'élevage". La réussitefut totale."
(6)Jouinot-Gambetta (général de Brigade) a écrit : Uskub ou le rôle de la Cavalerie d'Afriquedans la victoire, Paris : Berger-Levrault, 1920.
Préface d'Aristide Briand - Président du Conseil du Gouvernement, ministre des affairesétrangères, Prix Nobel de la Paix 1926 (citation) : "La chevauchée de vos soldats vers Uskub estune épopée magnifique". "Les écrivains militaires trouveront... matière à discussion et desenseignements précieux sur le rôle que peut jouer, dans la guerre moderne, une cavaleriejudicieusement employée..
- Homme d'état cultivé, il sait que la conduite de la guerre est de la responsabilité des politiques,mais que la conduite des opérations est de la responsabilité du commandant en chef. Il estheureux, quatre ans après, "La Marne" de dire ce que devait être le rôle d'une bonne cavalerie !(c.a.d : bien remontée, bien entraînée, bien commandée).
(7)La manoeuvre d'Uskub.
Grâce aux généraux Franchet d'Esperey et Jouinot-Gambetta, le statège et le tacticien ; grâce auxmeilleurs chevaux de guerre de troupe, qu'elle avait tant cherchés depuis François Ier ; la cavaleriefrançaise mettait à Uskub le point final à son histoire. Ce fut par la plus "achevée" des victoires.
A Uskub, un corps de cavalerie sans infanterie, sans artillerie, sans intendance, sans bagages, s'estinfiltré par les "hauts" dans le dispositif ennemi. Il s'empara, sans coup férir, du centre névralgiqueennemi : le noeud de ses lignes de communications, de ravitaillements, d'opérations, mettant piedà terre, les trois régiments de cavaliers tiendront trois jours avec leurs seules armes légères, enattendant les soutiens et les renforts.
Victoire d'anthologie
Le 29 septembre 1918, c'est avec la Bulgarie, le premier armistice de la guerre (si l'on excepte lacapitulation russe de 1917).
Début octobre la XIème armée allemande capitulait.
Le 8 octobre les français entraient dans Sofia.
Mais, dès le 7 octobre, Georges Clémenceau a interdit à Franchet d'Esperey et à son armée d'Orientde dépasser la Serbie...
Clémenceau était le responsable suprême. C'est lui qui conduisait cette guerre. Sa stratégie généraleétait qu'il fallait gagner la guerre en Belgique.
L'armée d'Orient "marqua le pas" (sur ordre de Paris). Il est regrettable que "... de cette chevauchéetriomphale (-) peu de chose est demeuré dans la mémoire collective des français et même dans celledes historiens", écrit Bernard Oudin (page 353) de son livre Aristide Briand, Paris : Laffont, 1987.
(8)Uskub 1918 - Garigliano 1944 - Un quart de siècle plus tard, l'armée d'Afrique remportera lacélèbre victoire du Garigliano en Italie, sous les ordres du général Juin, né, aussi en Algérie, àBône. (Franchet d'Esperey est né à Mostaganen). Ces deux victoires réalisées "par les hauts" etnon par les vallées, ont d'autres points communs. En particulier, et c'est historique, l'interdictionfaite par les instances politiques de conduite de la guerre, de poursuivre l'exploitation jusqu'aucoeur des pays ennemis... Etonnant, n'est-ce pas ?
Le Maréchal Juin, le vainqueur, écrit le 22 avril 1952, dans la préface qu'il fait au livre dugénéral Chambe : La bataille de Garigliano (Paris : Ditis, 1952) ce qui suit :
"Il eut enfin le mérite d'avoir clairement entrevu, après Rome, la grande erreur stratégique que lesdirigeants de la guerre allaient commettre en arrêtant l'élan des deux armées victorieuses, dontles axes de marche étaient naturellement tracès vers le centre de l'Europe...". Rome a été prisepar le corps expéditionnaire français du général Juin: le 4 juin 1944. Pour attendre lesSoviétiques, la capitulation de l'Allemagne sera repoussée jusqu'en mai 1945 (à Reims et Berlin).
Remarque : encore une fois : similitude et récurrence historiques.
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